Comment mieux prendre en compte les enjeux du vieillissement dans les politiques locales de l’habitat ?

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CMI a réalisé pour la DREAL Bourgogne-Franche-Comté une boîte à outils à destination des acteurs territoriaux. Retour sur quelques enseignements.

 

1/ Les freins au maintien à domicile

A horizon 2055, la part des plus de 75 ans devrait atteindre 20 % de la population régionale, avec une proportion plus forte dans les territoires ruraux. Plusieurs facteurs, le plus souvent cumulatifs, contrarient les seniors dans leur possibilité de vieillir à domicile ou sur leur territoire.

  • La part des propriétaires occupants de logements individuels peu ou mal entretenus.
  • L’inadaptation des logements : absence d’ascenseur et monte-escalier ou de volets roulants, marches, baignoires…
  • Une précarité économique affectant la capacité à engager des travaux, envisager un déménagement ou accéder à des offres de logement adapté du type résidences services.
  • Une sous-occupation des logements qui renforce le sentiment d’isolement, les risques de blessure, mais aussi les coûts d’entretien des logements, et la précarité énergétique.
  • Une absence d’environnement adapté rendant le logement « enfermant » : voirie inadaptée, absence de commerces à proximité ou de transports en commun adaptés…
  • Des difficultés d’accès aux aides et services existants.

2/ L’enjeu général d’un décloisonnement des acteurs

Dans les territoires, le préalable est de favoriser la coordination et la transversalité des différents acteurs (logement, hébergement, urbanisme, social, médico-social, médical) à travers des instances partenariales comme les Conférences des financeurs de l’habitat inclusif (ex-CFPPA). Ces acteurs sont variés : communes et EPCI, centres sociaux, Département, associations, organismes Hlm, mutuelles et caisses de retraite, structures favorisant l’information et l’accès au logement (ADIL, ANAH, par exemple).

3/ Une boîte à outils organisée autour de 4 enjeux

  • Etablir une démarche de diagnostic et la faire vivre: un diagnostic est un moment-clé de rencontre et coordination des acteurs, et de sensibilisation des élus aux enjeux du vieillissement sur leur territoire. Le diagnostic quantitatif peut se coupler à une partie qualitative, permettant d’aller consulter directement les seniors.
  • Mobiliser les acteurs pour la construction d’une offre de services: un logement n’est adapté que s’il est accompagné d’une offre de services adaptée au bien-vieillir et à la perte d’autonomie. La création d’un guichet unique est un levier pour faciliter la connaissance et l’accès aux services des seniors. Ces services, plus ou moins liés aux soins, doivent être opérés par des acteurs en étroite coordination, afin de mieux accompagner les personnes.
  • Agir sur l’habitat privé et l’adaptation du domicile: le maintien à domicile doit se massifier en réponse à la saturation des structures médico-sociales, et au faible nombre de solutions logement pour les personnes moyennement ou peu dépendantes. Rénovation énergétique, ergothérapie et domotique, mais aussi aménagement des espaces publics et des abords des habitations sont des outils pour permettre aux seniors de vivre dans des logements adaptés.
  • Développer l’habitat inclusif et adapté: cette forme de logements fait l’objet de développements récents dans le cadre du financement de la perte d’autonomie. L’habitat inclusif offre une réponse partielle aux besoins, à mi-chemin entre le maintien à domicile et les établissements d’hébergement, et offre une brique supplémentaire à un parcours résidentiel qui s’étire. Les organismes Hlm, associations et collectivités sont très engagés sur ces opérations.

La notion de sur-mesure territorial a guidé un certain nombre de projets régionaux illustrant la boîte à outils. Par exemple, à Saint-Bonnet-de-Joux (71), la petite unité de vie « Bien Vieillir en Val-de-Joux » est devenue un lieu totem pour la commune de 764 habitants, et a su tisser des liens avec les écoles du territoire.